Le syndicalisme en France a une longue et riche histoire. Mais savons-nous ce qu’il représente ? Dans une définition somme toute assez classique, le syndicalisme est un mouvement qui a pour objectif de rassembler les personnes d’une même profession en vue de la défense de leurs intérêts.
En France, le syndicalisme trouve ses racines dans les profondes inégalités et les conditions de travail précaires qui prévalaient pendant la révolution industrielle. Les ouvriers, confrontés à des journées de travail longues (en 1860, la durée hebdomadaire de travail est estimée à 85 heures) ainsi qu’à des salaires insuffisants, se sont regroupés pour revendiquer de meilleures conditions de travail. L’effroyable misère ouvrière de l’époque peut se lire à travers des propos de la documentation française : « Je tire les wagonnets de charbon de 6 heures du matin à 6 heures du soir (…) mes vêtements sont trempés presque toute la journée… j’ai tiré les wagonnets jusqu’à m’arracher la peau (…) 1 ». Ainsi, le syndicalisme est une lutte constante en faveur des droits des travailleurs.
En 1884, la loi Waldeck-Rousseau a autorisé les syndicats en France, marquant un tournant crucial dans l’histoire du mouvement ouvrier. Cette loi a ouvert la voie à la création de nombreuses organisations syndicales qui se sont battues pour les droits des travailleurs dans divers secteurs d’activité.
Le premier syndicat français est apparu en 1886, sous l’impulsion des militants du courant marxiste incarné par Jules Guesde, avec la création de la Fédération nationale des syndicats (FNS) suivie en 1892, par la Fédération des Bourses du Travail (FBT). Ces deux conceptions du syndicalisme se rejoignent en 1895 au Congrès de Limoges. Ainsi, à ce moment-là, 28 fédérations d’industries et de métiers, 18 bourses de travail et 126 syndicats autonomes décident de signer ensemble l’acte de naissance de la Confédération Générale du Travail (CGT). Dirigée par des figures telles que Fernand Pelloutier et Émile Pouget, cette dernière prônait la solidarité entre les travailleurs et revendiquait des réformes majeures, telles que la réduction du temps de travail et la reconnaissance des droits des travailleurs. La CGT a joué un rôle central dans l’organisation de grèves et de manifestations et a été un acteur majeur des luttes ouvrières du début du 20ème siècle.
Le syndicalisme a connu plusieurs périodes de conflits sociaux intenses notamment pendant la Première Guerre mondiale et la période de l’entre-deux-guerres. Les travailleurs ont manifesté pour obtenir de meilleures conditions de travail, des salaires décents et des droits sociaux. Ces luttes ont abouti à certaines avancées significatives, telles que la journée de travail de huit heures, la création des premières conventions collectives et la reconnaissance du droit de grève.
Après la guerre, les syndicats ont joué un rôle important dans la reconstruction du pays et ont participé à l’élaboration des nouvelles politiques sociales, notamment la création de la Sécurité sociale en 1945. À partir des années 1950, le syndicalisme a connu de profonds changements. Les syndicats se sont diversifiés et de nouvelles organisations ont émergé : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Force ouvrière (FO), Confédération française de l’encadrement (CFE-CGC) et bien d’autres.
Aujourd’hui, le syndicalisme reste un acteur clé de la vie sociale et économique du pays. Tout au long de son évolution, il a été marqué par des moments de luttes et de revendications, contribuant à façonner les politiques sociales du pays. Bien qu’il ait connu des changements et des défis, le syndicalisme continue de jouer un rôle important dans la défense des droits des travailleurs et la construction d’une société plus équitable.