Représentant près des 2/3 de la consommation d’énergie nationale, notre dépendance aux hydrocarbures constitue non seulement une hérésie climatique, mais également une ineptie économique.
On se souvient du Charbon dont les gisements se sont progressivement tus dans les années 50, pour disparaître totalement laissant derrière eux des villes mortes et des régions sinistrées. Dans les maisons, les vieux poêles faisaient place nette aux rutilantes chaudières à gaz.
Comme le charbon, le pétrole a disparu de notre territoire, d’abord parce que les réserves hexagonales sont infimes, le pétrole « made in France » représente 0,3% de notre consommation finale d’hydrocarbure, d’autre part car le coût de production y est exorbitant.
Mais là où de nouvelles solutions auraient dû voir le jour il y a bien longtemps, nous restons dépendants d’une énergie que nous ne maîtrisons pas. Cette dépendance est d’autant plus lourde sur le plan économique que la production mondiale connaît, depuis son pic de 2008, une baisse continue contraignant les approvisionnements européens en prix et en volume.
De telles importations soumettent notre économie à l’hégémonie d’autres pays : pétrole, gaz, uranium, lithium, mais aussi fer ou bauxite et plus généralement l’immense majorité des matières premières permettant de produire de l’énergie sont importées sur notre territoire.
Pire, on ne sait pas produire de nouvelles énergies sans mobiliser les hydrocarbures : pour produire des centrales nucléaires, des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes, il faut du charbon et du pétrole. L’imbrication des énergies vient renforcer notre dépendance.
Le calcul est d’autant plus complexe que les matières premières elles-mêmes se raréfient, leur extraction nécessitant chaque jour davantage d’énergie.
Certes les États-Unis ont réagi par un retour à l’autosuffisance en exploitant les immenses réserves du Texas et du Nouveau-Mexique ou en ayant recours à des méthodes non conventionnelles. Nous ne reviendrons pas ici sur le débat écologique soulevé, mais l’Europe et la France n’ont d’autres solutions, elles, que de repenser leur modèle : quand on n’a pas de pétrole, on a des idées. Au-delà des évidences de surface, la dépendance énergétique de l’Europe, et de la France en particulier, s’inscrit dans un temps long nous invitant à repenser en profondeur notre modèle de société.
Que doit-on alors penser des négociations en cours à Bruxelles qui visent à relocaliser la production des matières premières (CRMA) ?
10%, c’est le chiffre du mois et ce qui devrait être l’objectif européen de production autonome de matières premières stratégiques.