Vous voulez investir afin de favoriser le développement durable ? Connaissez-vous les fonds ISR ?
Le marché de la finance durable prend une part croissante dans l’investissement. Les fonds d’investissement socialement responsable (ISR) permettent ainsi d’obtenir de belles performances financières tout en intégrant des critères de choix éthiques dans vos décisions d’investissement. Les débats en cours tant au niveau européen que français, avec notamment le projet de réforme des labels porté par Bruno LeMaire et Olivia Grégoire, devraient encore accélérer son développement. Cette newsletter sera l’occasion de suivre régulièrement les évolutions du marché.
Lancé en 2005 à l’initiative de Kofi Annan et d’un petit groupe d’investisseurs, les principes d’investissement responsables ont emporté ces dernières années l’adhésion d’un grand nombre d’institutions financières et de sociétés de gestion. Entre temps, de nouvelles réglementations sont venues encadrer l’activité financière durable que l’on parle, entre autres, de la Taxonomie européenne ou de la nouvelle classification SFDR. Et l’ISR s’est depuis généralisé dans les pratiques des sociétés de gestion pour proposer des solutions de plus en plus compétitives avec les produits traditionnels de la finance. Les études montrent d’ailleurs que la performance des fonds ISR n’a rien à envier aux fonds traditionnels. Plus avant, l’étude systématique de Gunnar, Bush et Bassen montrait déjà en 2015 la meilleure performance financière des investissements RSE dans la majorité des cas.
On comptait ainsi 1800 fonds européens à fin 2021 selon Novethic dont un peu plus de 400 intégrant des objectifs assortis d’indicateurs d’impact. Dans le même temps, les labels ont vu leurs parts de marché s’accroitre auprès d’un nombre grandissant de fonds comme c’est le cas du label ISR leader incontestable en France, ou du Toward Sustainability, plus ouvert sur le continent. Le label français se positionne aussi comme le leader européen avec 750 fonds sous gestion et près de 700 mds d’euros sous gestion à fin 2021.
Les fonds durables connaissent en particulier un développement remarquable. Si l’on prend les 3 dernières années, cette attractivité s’est accrue de 89% en 2019, 66% en 2020 et 94% en 2021 pour s’établir à 896 milliards d’encours sous gestion. Pour se faire une idée, ce montant correspond à peu de choses près au PIB des Pays Bas, la 17eme puissance économique mondiale. Les fonds durables sont donc plus que jamais la destination attractive et de plus en plus d’épargnants s’orientent vers ces types de solutions à la fois performantes financièrement et conformes à leurs valeurs. Alors que l’année 2022 touche à sa fin on ne peut que sentir une continuité logique dans cette tendance.
Côté sociétés de gestion, la palme revient assez logiquement à Amundi, la filiale de du Crédit Agricole SA comme plus gros collecteur de fonds avec 116Mds sous gestion suivi de Natixis (groupe BPCE) et BNPParibas. On retrouve ici le faible choix offert aux clients des banques commerciales qui commercialisent leurs propres produits au détriment de critères comme l’impact ou la performance globale. On attend avec impatience les chiffres de 2022 que nous pourrons vous présenter, dans notre prochain numéro.
Comprendre l’exclusion :
La gestion de fonds suppose de sélectionner des actifs (financiers, immobiliers…) pour constituer un portefeuille orienté vers les projets de l’investisseur. Cela suppose donc d’évaluer les produits et de les classer. Nous reviendrons sur l’évaluation lors d’un prochain numéro.
Mais certains produits ne correspondent pas du tout à des cibles possibles parce qu’ils ne respectent pas les valeurs de l’investisseur. Ils font alors l’objet d’une exclusion. Les critères d’exclusion peuvent être normatifs en rejetant des entreprises bafouant les droits fondamentaux notamment sur l’esclavage ou le travail des enfants, ayant des activités polluantes, étant impliquées dans des scandales… Ils peuvent être aussi sectoriels lorsque certaines activités sont réputées non éthiques : les armes, les jeux, l’alcool… L’étude sur les fonds verts conduite par Novethic fin 2021 montre ainsi que les principaux facteurs d’exclusion européen pour ces fonds environnementaux sont aujourd’hui le charbon (252) et les énergies fossiles (214) qui font consensus, puis le nucléaire pour plus de 2 fonds sur 3. Les autres facteurs arrivent beaucoup plus loin avec moins d’un fonds sur quatre excluant par exemple l’huile de palme, les OGM et moins de 5% les pesticides ou l’élevage intensif.
Les levées de fonds RSE au troisième trimestre 2022
La rentrée a été dynamique pour les jeunes pousses avec de nombreux tours de table réalisés par les entreprises revendiquant un positionnement responsable. Vous en trouverez quelques exemples vous permettant de mieux comprendre la révolution en cours et touchant autant des levées modestes que des potentiels de premier ordre. Signe du dynamisme du secteur, un fonds Shift4good de 100millions vient d’être lancé pour financer les jeunes pousses de la mobilité durable ce mois d’octobre.
Peintures à base d’algues
- La levée de fonds permettra à la start up de poursuivre sa croissance en prenant de nouvelles parts de marché sur les peintures traditionnelles.
Plateforme spécialiste de la seconde main pour enfants (poussettes, jouets, vétements)
- Poursuivre la croissance pour cette jeune entreprise qui revendique déjà plus d’un million d’utilisateurs et plus de quatre millions d’articles mis en ligne.
Plateforme de mise en relation de logements entre les moins de 30 ans demandeurs et les personnes de plus de 60 ans dotées d’une chambre disponible
Consolider le développement technologique de la plateforme et accélérer la plase marketing / communication.
Utiliser des technologies pour surveiller le stockage après récoltes et ainsi réduire la consommation d’énergie et les pesticides
Développer l’international pour « surveiller » la moitié du stockage européen d’ici 2025. Plus de 100 grands comptes à l’actif et un programme de formation intégrée.
Distribution de pêche durable en relation directe avec les pêcheurs : livraison de poissons frais en moins de 72 heures partout en France
Développer son réseau de pêcheurs (272 aujourd’hui) et de client pour passer de 21000 clients à 80000 en 2026. Objectif de 10M de CA en 2022, de rentabilité dès 2023 avec 50000 abonnés et de 180 salariés dès 2025.
Jeune pousse spécialisée dans le recyclage de panneaux solaires. Elle retraite et récupère les métaux précieux dans les panneaux (argent, cuivre, silicium)
Optimiser et industrialiser sa technologie de recyclage des panneaux solaires photovoltaïques en fin de vie.
Des licornes dans la RSE ? Le point sur … Ecovadis
Ecovadis s’est faite remarquée ces derniers mois par une levée de fond record sur le marché de la RSE valorisant la société au-delà du milliard d’euro pour en faire la 27eme licorne française. Comment expliquer une tel engouement des investisseurs ? Créée en 2007, Ecovadis compte aujourd’hui plus de 1000 employés et s’affirme avec un modèle original de société à mission permettant de mieux piloter la responsabilité dans la gestion de la supplychain et plus globalement des partenaires. La plateforme propose une formule d’évaluation extrafinancière au cœur des chaines de valeur. Elle participe ainsi à une meilleure information sur les pratiques des entreprises et une transparence utile au positionnement responsable. Elle se targue de près de 100000 entreprises évaluées dans plus de 150 pays et un business modèle original couvrant les différentes relations de l’entreprise pour en assurer la responsabilité : cartographie des risques, notations, finance durable, achats responsables.