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La République de Weimar

La République de Weimar : une brouette de billets pour une miche de pain

Nous vivons actuellement une période de forte inflation qui alerte les économistes et mobilise les Banques Centrales. Nous remettons notre pouvoir d’achat dans les mains d’institutions qui ont pour objectif principal la maîtrise des prix et de la consommation. Il fut un temps où les Etats étaient livrés à eux-mêmes. Les temps que nous traversons sont préoccupants mais, rien par rapport à la période d’hyperinflation de la République de Weimar.

A la suite de leur défaite lors de la Première Guerre Mondiale, les Allemands se virent dans l’obligation de signer l’humiliant et punitif Traité de Versailles. Cet acte les condamna à payer l’entièreté des réparations faisant monter leur dette au montant colossal de 132 milliards de marks-or. En 1923, acculée et mal en point, l’ex-empire d’outre-Rhin refusa d’honorer cet engagement. Il n’en fallu pas plus pour que les Alliés, sous l’influence du bien-nommé Raymond Poincaré, envahissent le bassin industriel de la Ruhr, zone cruciale de l’industrie teutonne. Les usines et mines étaient à l’arrêt alors que les ouvriers, payés par l’Etat continuaient à percevoir leur solde. La planche à billets commença à s’emballer pour pourvoir aux demandes. La cadence infernale de la production de monnaie donna lieu à un phénomène jusqu’alors inédit : l’hyperinflation.

Le terme hyperinflation fut défini par Philip Cagan comme une inflation minimum de 50% par mois. La République de Weimar fut le théâtre d’une augmentation des prix de 20%… par jour ! En 1922, un dollar valait 9000 marks. En 1923, un dollar valait 40 000 marks. Et, le maximum n’était pas encore atteint puisque le dollar s’échangea jusqu’à 4200 milliards de marks. Imaginez payer en début de repas dans les restaurants par peur d’une augmentation des prix le temps de vous sustenter. Imaginez jeter des billets de banque dans le foyer de votre cheminée plutôt que du bois pour vous chauffer ou encore aller chercher votre baguette avec une brouette de billets. Inconcevable ! C’était pourtant le quotidien des Allemands durant cette période qui finirent par préférer le troc comme moyen de commercer. 

Cette hyperinflation modifia même l’ordre social puisque lorsque les rentiers et autres fortunés voyaient leur patrimoine financier fondre à vue d’œil, les ouvriers, payés de manière journalière pouvaient s’aligner plus facilement sur cet effondrement monétaire. Cependant, le rythme affolant de perte de pouvoir d’achat les poussa à demander à être payés à la demi-journée.

L’Allemagne eut du mal à se relever de cette période qui entrera dans les livres d’Histoire et d’Economie. Les conséquences psychologiques et politiques furent monumentales et la République de Weimar acquit le surnom de « République mal-aimée ». Cette défiance à l’égard du régime en place mena les plus ambitieux à exploiter politiquement ces difficultés. Un certain Adolf Hitler profita de l’opportunité et mena le Monde dans une nouvelle Guerre encore plus meurtrière que la Première. 

Une chose est certaine : notre période inflationniste du moment a peu de chance de dériver vers cet apocalypse.